Le chemin de croix est une forme de prière traditionnelle dans l'Eglise. Il consiste en une méditation sur la Passion du Christ relatée en quatorze "stations". Dans les églises, ces stations sont matérialisées par quatorze tableaux régulièrement répartis sur leurs murs et qui en représentent chacun un épisode.
Cette Passion du Christ est commémorée par l'Eglise pendant la Semaine sainte (qui précède le dimanche de Pâques) et particulièrement le Vendredi saint. Nous présentons ci-après les quatorze stations du Chemin de croix de la chapelle Sainte-Honorine de Conflans avec un commentaire tiré du missel romain de Dom Lefèbvre et du chanoine Osty.
Première station : Jésus devant Pilate
Caïphe et le Sanhédrin ont condamné Jésus à mort. Mais la Palestine est un pays tributaire de Rome, et il faut l'autorisation du procurateur pour exécuter la sentence ... Par peur des Juifs, qu'il méprise, par peur de perdre sa place et d'encourir la disgrâce de César, Pilate permet d'infliger à Jésus le supplice réservé aux esclaves, le supplice de la croix.
Deuxième station : Jésus est chargé de sa croix
D'après la coutume, les condamnés à la croix devaient porter l'instrument de leur supplice : deux morceaux de bois mal équarris et disposés en forme de T. "Il a été mis mis au rang des malfaiteurs", avait écrit Isaïe, et comme les brigands, les perturbateurs de l'ordre public, les esclaves révoltés, le Christ, le Fils de Dieu fait homme parcourt les rue de Jérusalem, chargé de sa croix.
Troisième station : Jésus tombe pour la première fois
Il y a un peu plus d'un demi-kilomètre pour aller du prétoire au Golgotha, et le chemin est difficilement praticable. Jésus s'avance au milieu d'un foule hostile dont la haine est attisée par les sanhédrites ... Epuisé par les souffrances endurées depuis la veille, il tombe à terre ...
Quatrième station : Jésus rencontre sa mère
Au jour de la présentation de l'Enfant Jésus au Temple, le vieillard Siméon avait prédit à Marie : "Un glaive de douleur transpercera votre coeur." A la lettre, cette prophétie s'est réalisée depuis la fuite en Egypte jusqu'à ce moment si pénible, jusqu'à celui si proche et si terrible du crucifiement ...
Cinquième station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
Et ils obligèrent un certain Simon de Cyrène à porter la croix de Jésus ... C'est ainsi que l'évangile nous présente Simon, père d'Alexandre et de Rufus. Ce n'est pas par pitié que les bourreaux agissent ainsi à l'égard du divin condamné. Ils voient sa faiblesse qui augmente et ils craignent qu'il ne meure avant d'arriver au calvaire.
Sixième station : une femme pieuse essuie la face de Jésus
Une tradition nous montre Véronique franchissant les rangs de cette foule cruelle et s'avançant avec un voile pour essuyer la face du Sauveur, cette face couverte de sueur, de sang et de crachats. Malgré les quolibets, les sarcasmes et les sourires, elle accomplit son geste de compassion.
Septième station : Jésus tombe pour la deuxième fois
Malgré l'aide du cyrénéen, Jésus est tellement affaibli qu'il tombe à terre pour la seconde fois. Il faut une volonté surhumaine pour maintenir un souffle de vie dans ce corps torturé par la flagellation et le couronnement d'épines, où il a perdu beaucoup de son sang, et qui est maintenant écrasé par le poids de la croix. Mais ici encore, avec une énergie toute divine, le Sauveur se relève.
Huitième station : Jésus rencontre les filles de Jérusalem
Or il était suivi d'une grande foule de peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et qui se lamentaient sur lui. Mais Jésus leur dit : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants ..." Ainsi, malgré des souffrances intolérables, Jésus pense d'abord aux maux qui vont fondre sur le peuple juif.
Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois
Le cortège s'approche du sommet du calvaire; la faiblesse du Sauveur va s'accentuant et il tombe pour la troisième fois. Quelles ne durent pas être la crainte et la colère des bourreaux ? N'auront-ils donc qu'un cadavre à fixer à la croix ? Qu'ils se rassurent ; même à terre le Christ reste le Dieu fort, le maître du monde, qui livrera sa vie quand il le voudra.
Dixième station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
Les soldats prirent ses vêtements et en firent quart parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique et ils dirent entre eux : "ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera." C'était afin que s'accomplît cette parole de l'Ecriture : "Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré ma tunique au sort."
Onzième station : Jésus est attaché à la croix
Là, dit saint Jean, ils le crucifièrent et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Avec une précision que leur donne l'habitude, les bourreaux enfoncent les clous dans les poignets et dans les pieds. Le but que l'on poursuit dans ce supplice du crucifiement n'est pas de faire périr immédiatement le condamné, mais d'accumuler le maximum de souffrances et d'amener la mort lentement.
Douzième station : Jésus meurt sur la croix
Tandis que les princes des prêtres ricanent et blasphèment, tandis que les ténèbres s'amoncellent autour du Golgotha et sur Jérusalem, de midi à trois heures, à sept reprises, le Sauveur élève encore la voix. Il prie pour ses bourreaux; il promet le paradis au bon larron, il fait de sa mère notre mère, il appelle le ciel à son secours, il se plaint d'un soif terrible et après avoir annoncé que tout est consommé, librement, il rend le dernier soupir en disant dans un grand cri : "Mon Père, je remets mon âme entre vos mains."
Treizième station : Jésus est déposé de la croix
Au pied de la croix se tenaient debout sa mère, la soeur de sa mère, Marie femme de Cléophas et Marie-Madeleine ... Peintres, sculpteurs, statuaires ont reproduit cette scène de la Piéta : Marie recevant sur ses genoux le corps exsangue et défiguré de son divin Fils. Mais personne n'a pu traduire la douleur de notre mère, de la corédemptrice. "Si les plaies du Christ pouvaient parler !" écrit Pascal.
Quatorzième station : Jésus est mis au tombeau
Nicodème, qui auparavant était venu auprès de Jésus pendant la nuit, vint aussi, apportant cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloès. Joseph d'Arimathie et Nicodème prirent donc le corps de Jésus et l'enveloppèrent d'un linceul, avec des aromates comme c'était la coutume d'ensevelir les Juifs. Or, il y avait, dans le lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans ce jardin, un sépulcre neuf, où personne encore n'avait été mis. Ce fut là, parce que ce sépulcre était proche, qu'ils déposèrent Jésus avant la tombée de la nuit.
"Ignorez-vous, dit saint Paul, que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême en mourant au péché, afin que, comme le Christ est ensuite sorti du tombeau en ressuscitant d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi, nous marchions dorénavant dans une vie nouvelle."