Soeur Marie-Eugène

 

 

 

 

 

 

 

Photo de Soeur Marie-Eugène sur une image pieuse

(cliquez sur la photo, à gauche pour voir le recto de l'image et à droite pour voir le verso)

 

Marie Marguerite FREUDENREICH, en religion Soeur Marie-Eugène, est née à Issoire le 11 novembre 1871. La profession de son père, contrôleur principal des impôts, la conduit à de fréquents déménagements : en Franche-Comté, en Champagne, en Ile-de-France. A 17 ans, un grave accident la laisse paralysée. "Je marcherai, car je serai infirmière et je soignerai les malades pauvres" répond-elle au professeur qui ne lui laisse pas d'espoir de guérison. Et au grand étonnement de tous, elle recouvre l'usage de ses jambes.

Elle ne se fait religieuse qu'à 28 ans et entre, le 9 mars 1899, dans la congrégation des Soeurs de la Providence de Portieux dans les Vosges. Ses supérieures l'envoient dans un des établissements de la congrégation à Colombes (Hauts-de-Seine); mais elle y tombe malade et doit regagner Portieux où, rétablie, elle prononce ses voeux le 4 mai 1907. Après quelques années à Ypres, en Belgique, (1908 - 1912) et à Bazoilles, dans les Vosges, (1912 - 1913), elle arrive à Conflans le 25 avril 1913 et y restera jusqu'à son départ pour Portieux, le 7 octobre 1952, où elle mourra peu après, le 23 janvier 1953. Avec plus de 39 ans de présence, c'est donc bien à Conflans qu'elle consacrera la plus grande partie de sa vie.

Elle arrive dans un établissement religieux (l'actuelle école Saint-Joseph) jusqu'alors consacré essentiellement à l'enseignement, selon la vocation propre de l'ordre. La congrégation des Soeurs de la divine Providence fut en effet fondée par le Bienheureux Jean-Martin MOYË en 1762 dans le but "d'envoyer des filles à la campagne et surtout dans les hameaux les plus abandonnés, pour instruire les enfants et les autres personnes qui avaient besoin d'instruction." C'est dans cette perspective qu'était arrivée à Conflans au siècle précédent, en novembre 1845, une religieuse du nom de Soeur Louise dont il conviendra aussi un jour de parler, car cette pionnière de la  congrégation des Soeurs de la Providence à Conflans y développa l'enseignement bien avant Jules Ferry !

Soeur Marie-Eugène arrivait-elle à Conflans avec la mission d'y développer les soins aux malades, mission à laquelle elle était déjà bien formée puisqu'elle était infirmière diplômée et qu'elle avait été au service des malades dans ses différentes charges précédentes ? C'est probable, mais la guerre qui  éclate peu après son arrivée va sans doute précipiter cette évolution. Dès 1914, un hôpital auxiliaire est en effet installé à Conflans pour soigner les blessés ramenés du front. Elle en est nommée infirmière-major. En 1920, elle reçoit la médaille de la Reconnaissance française, crée en 1917 pour récompenser les personnes et collectivités qui se sont dévouées pendant la guerre de 1914 - 1918.

La guerre ne l'avait pas empêchée de soigner les populations civiles de Conflans, Andrésy et Maurecourt, ainsi que les mariniers y séjournant. Mais la paix revenue, cet apostolat prend une autre dimension. C'est en effet à Soeur Marie-Eugène que l'on doit la création d'un dispensaire, premier "centre de santé" à Conflans. Elle en  conçoit les plans et le fait édifier (en y contribuant financièrement) à gauche de l'école Saint-Joseph à laquelle il est aujourd'hui intégré.

En 1939, pour son action avant, pendant et après la guerre de 1914 - 1918, elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur - distinction rare pour une femme à cette époque ! - et la croix lui est remise par le capitaine Meynand, le 5 mars 1939, au dispensaire de Conflans.

Cette cérémonie fut l'occasion d'une rencontre de deux figures rayonnantes du christianisme social de cette époque à Conflans, car le prêtre qui ce jour-là exprima les félicitations du clergé local à Soeur Marie-Eugène ne fut autre que l'abbé Joseph Bellanger . Cet aumônier général de la batellerie se dévoua, lui, à la cause des mariniers (voir la page qui lui est consacrée : abbé Joseph Bellanger). Citons, pour terminer, quelques-unes des paroles qu'il lui adressa.

 "Vous faites connaître aux Conflanais et aux si nombreux bateliers de passage, le bel idéal de la charité sociale chrétienne [...] Qu'est-ce que l'apostolat, sinon le courage du risque ? Vous avez osé risquer et vous avez surtout persévéré, portant de lourds soucis et de graves responsabilités sur le chemin où l'envie, l'ingratitude vous guettaient sans cesse, tendant leurs embûches [...] Sollicités par vous, les concours de toutes sortes vous sont venus de personnes appartenant à tout l'horizon de la pensée humaine, que des barrières auraient pu séparer et qui se sont trouvées, grâce à vous, unies dans le même  amour du prochain souffrant. 

"Votre porte, comme votre main furent toujours largement ouvertes et que dire de la confiante sollicitude qui accueillait tous vos visiteurs. Vous ne leur demandiez ni la couleur de leurs opinions, ni s'ils étaient chrétiens ou non. Oublieuse de vos propres souffrances, vous aviez pour tous le baume qui soulage, la bonne parole qui console et aide à remettre, d'un coup d'épaule généreux, le fardeau en bonne place, pour la reprise du dur chemin qui est la vie. Tous s'en retournaient réconfortés moralement, aidés souvent matériellement, autant que votre pauvre bourse de religieuse le permettait, car vous ne saviez pas refuser l'obole du pauvre au plus déshérité.

"Il y aurait des pages admirables à écrire sur les fruits de cet apostolat jamais satisfait, toujours à l'affût du bien à faire dans les plus humbles demeures ou sur les péniches les plus abandonnées. Je me résume en disant en toute simplicité que vous vous êtes efforcée et que vous avez réussi à être une vraie religieuse qui, pour réaliser son idéal, s'est fait toute à tous [...]

"Que Dieu vous donne santé et longue vie pour son Eglise. Celle-ci a plus que jamais besoin de religieuses au grand coeur, comme vous, et qui l'honorent par la moralité supérieure de leur vie et par le rayonnement de leur action bienfaisante."

Retour à la page d'accueil